Fabrication d'une presse de type Moxon
Pour la majorité des opérations, la hauteur de mon établi me convient très bien.
Mais dans certains cas, comme par exemple le traçage et la découpe des queues d'aronde, il est préférable de travailler plus près des yeux. Une presse de type Moxon répond à mon besoin, pour travailler vingt centimètres plus haut quand c'est nécessaire.
Après quelques recherches sur internet, je fais une synthèse pour adapter mon projet à ce que j'ai à ma disposition. Et j'éteins l'ordinateur pour revenir aux outils de base : papier, crayon, gomme.
Suite à des travaux d'aménagement chez le fiston, j'ai pas mal de chutes de plan de travail (42 mm d'épaisseur) et de tablettes (en 18 mm) en hêtre.
Et j'ai aussi une bonne longueur de tige filetée en 18 mm de diamètre, reste de la fabrication de la presse horizontale de mon établi. J'ai même quelques écrous, le seul achat ce sera en fait pour les six rondelles.
Cela fait plusieurs années que je déplace de temps en temps dans mon stock de bois ces 70 cm de plan de travail... Ça va enfin servir.
Comme toujours, j'utilise uniquement des outils manuels. Débit à l'égoïne donc.
Traçage des queues d'aronde avec la fausse équerre et le tranchet.
Découpe à la scie à dos.
J'ôte le plus gros à la scie à chantourner.
Finition au ciseau, et vérification systématique de la perpendicularité.
Découpe d'une queue d'aronde non débouchante, pour une des deux pièces horizontales de support.
D'abord je découpe ce que je peux à la scie.
Le reste se fait au ciseau.
Ajustage à blanc.
Pour les deux molettes, je sors la perceuse à colonne afin de faire d'abord une série de trous de 3 mm de diamètre.
En effet, la mèche de vilebrequin de 18 mm possède une vis assez imposante et le risque d'éclater le hêtre (bois très nerveux) est important.
Le perçage des axes et des prises sur le pourtour se passe sans problème.
Deux trous sont percés et fraisés sur chacune des six rondelles.
Le diamètre de ces rondelles est assez important pour qu'un ciseau de 6 suffise à marquer le pourtour.
L'entaille nécessaire à l'encastrement des rondelles est faite à la guimbarde.
L'épaisseur d'une rondelle étant de 3 mm, je creuse de 2 mm seulement pour que le métal dépasse du bois. Ainsi, l'appui de la molette sur la partie mobile de la presse se fera uniquement via le métal et n'usinera pas le bois.
Ensuite, il faut réaliser les entailles pour encastrer les écrous.
Le diamètre de la molette (10 cm) est suffisamment important pour qu'il ne soit pas nécessaire d'employer la scie à chantourner. Une découpe selon la tangente à la scie à dos conviendra parfaitement.
Un coup de rabot sur le plat pour finir. Puis un chanfrein est pratiqué au ciseau.
Dans la partie mobile de la presse, j'ai préparé des entailles de la même manière pour les rondelles.
Comme cette pièce de bois va être amenée à coulisser sur la tige filetée, afin d'éviter une usure prématurée, j'encastre un bout de tube en cuivre.
Malheureusement, le diamètre intérieur de la rondelle a trop de jeu et n'empêche pas le cylindre en cuivre de sortir... Il a donc fallu percer ce dernier et le fixer au moyen d'un clou.
Création d'un biseau sur la partie mobile de la presse.
Assemblage collé de la partie fixe.
Toutes les queues d'aronde ont été volontairement taillées avec 1 mm de trop. Ajustage au rabot.
La tige filetée sera bloquée dans la partie fixe de la presse. Pour cela, je perce l'écrou et la tige, et une goupille les solidarise.
À l'arrière de la partie fixe de la presse, une entaille a été préparée selon la même méthode que pour les molettes.
L'écrou bloqué sur la tige filetée est inséré, et maintenu en place par une rondelle.
Sur la partie mobile de la presse, côté intérieur, j'ai collé une feuille de liège pour améliorer l'accroche.
Comme décrit plus haut, lorsque la molette est actionnée l'effort porte uniquement sur les larges rondelles métalliques.
Il reste une dernière chose à faire : fixer la presse Moxon sur l'établi.
Le plateau de mon établi est en deux parties, séparées par un ratelier amovible, laissant un espace de 30 mm.
Je prépare deux taquets que je découpe en coin.
Une partie est collée et vissée, à l'arrière de la presse.
Avec les 2 coins, le blocage de la presse est parfait.
Exemples d'utilisation de la presse.
Travailler 20 cm plus haut que l'établi c'est bien plus confortable pour découper les queues d'aronde.

La barre horizontale permet d'employer facilement un serre-joint pour immobiliser une pièce perpendiculairement à celle prise dans la presse.
C'est vraiment très pratique, pour reporter le tracé des queues d'aronde.
Vue d'ensemble.
Mise à jour
Un autre usage bien pratique de cette presse, c'est l'affûtage.
On coince la lame entre deux tasseaux de 15 mm, ce qui donne une épaisseur totale supérieure à celle de la poignée, et on se trouve à une hauteur confortable pour affûter.
De plus, contrairement à un étau, la lame est ici prise sur toute sa longueur : on n'a pas à la déplacer en cours d'affûtage.
Autre mise à jour
Quand j'utilise la presse pour maintenir une pièce longue, prise sur les 21 cm de haut de la partie mobile, tout va bien.
Mais lorsqu'il s'agit de tenir un élément sur quelques centimètres seulement, la partie mobile a tendance à se mettre légèrement en biais verticalement, appuyant seulement sur l'angle du bout de bois à tenir au lieu de le faire sur toute la surface.
Plusieurs fois j'ai eu ce petit souci, que je corrigeais en découpant une chute de la taille de la pièce à maintenir, et en la plaçant en bas dans la presse.

Une solution plus pérenne est de fabriquer un petit jeu de cales.
J'ai du coup enfin trouvé une utilisation à cette petite plaque de contreplaqué de 2mm d'épais que j'ai depuis un moment... J'y ai découpé 25 cales articulées sur un axe, ce qui me donne donc un calage de 5 cm ajustable de 2 mm en 2 mm.

Ci dessous, je mesure le nombre de petites cales à positionner, en ayant ajouté une grosse cale de 5 cm.

La partie mobile de la presse est bien verticale, et la petite pièce est parfaitement maintenue.
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